samedi 19 novembre matin (résumés)

Mesurer la détresse des bébés ? 

Understanding babies: Translating early childhood research into practice
Mette Skovgaard Vaever

The early years and especially the young child’s socio-emotional development during the first
1000 days lay the foundations for lifelong mental health and wellbeing. How do we get that
message out? How do we support parents and professional caregivers in supporting and
promoting early childhood mental health and development?
In the Centre for Early Intervention and Family Studies at University of Copenhagen, we aim
to promote early childhood (0-6 years), mental health, parental skills and qualifications of
frontline staff in a variety of applied research studies. In her talk Dr Væver will present
results from the Copenhagen Infant Mental Health Project (CIMHP) where the Alarm

Distress Baby Scale (ADBB) has been implemented in the health visitors’ practice in primary
care. The ADBB is used for identifying persistent social withdrawal in infants aged 2-24
months, as an indicator of emotional distress in infants and young children. In Denmark
ADBB is now implemented in 79 out of the 98 municipalities. During ADBB trainings,
health visitors expressed a need for additional training to further develop their language and
vocabulary so they could better describe and share knowledge about the infant’s
socioemotional cues and needs to families during the ADBB observations. This led to the
development of the Understanding Your Baby program, a step two to the ADBB, this Dr
Væver will also shortly introduce.

Douleur physique, douleur psychique chez le bébé: manifestations et mesures
Miri Keren

La douleur somatique et la détresse psychique se manifestent par des comportements similaires, et activent les mêmes structures cérébrales. Mesurer la douleur somatique du bébé, comme mesurer la douleur psychique, ne peut se faire sans l’aide d’un tiers, que ce soit parent ou soignant, vu son incapacité à poser des mots sur son mal. Mesurer la détresse du bébé implique donc la lecture de signes non verbaux, puis de leur quantification. La détresse se traduit par des symptômes, qui à leur tour, augmentent souvent la détresse de l’entourage. Nous proposons l’utilisation des critères de catégorisation des symptômes définis par la DC 0-5 en fonction du dysfonctionnement qu’ils créent, ainsi que de la formulation multiaxiale de la condition clinique du bébé, y compris le type de relations parent-bébé. Nous finirons par une vignette clinique illustrative.

Approcher la détresse d'un bébé, un point de vue de clinicienne
Eve Lumbroso

Notre enjeu est en fait comment prendre la mesure de la détresse d'un bébé et comment dans le soin trouver à y répondre car le rôle de l'environnement, des potentialités du lien parent-bébé et les dispositions de notre posture soignante sont les conditions nécessaires à son dépassement. Je vous propose une réflexion personnelle en appui sur une situation clinique pour essayer de déplier la complexité de cette question.

 

Faire (sur)vivre des bébés différents ?

Le  bébé sérieusement handicapé en médecine de réhabilitation
Ofer Keren M.D., spécialiste en médecine physique et réadaptation

Cette présentation met l’accent sur les différents aspects du processus de réadaptation des très jeunes enfants jusqu’à l’âge d’un an qui souffrent d’handicap congénital grave (acquis ou génétique) ou qui sont tombés gravement malades à la suite d’un traumatisme au cours de leur première année de vie. Le concept de « restogenesis » sera utilisé pour décrire tous les processus allostatiques qui se produisent à la suite d’une situation extrêmement stressante qui remet en question tous les domaines du fonctionnement normal. Étant donné que le processus de réhabilitation commence par le diagnostic mais ne se termine pas à un moment défini, des étapes formelles de « progrès » dans la réadaptation doivent être établies. Fixer des objectifs concrets tels que se lever et marcher, organiser le congé de l’hospitalisation et l’intégration dans la communauté, retourner aux activités quotidiennes, s’intégrer dans la famille et la communauté. Il est nécessaire de fixer les objectifs et le timing de manière déclarée, ainsi que de souligner que le traitement doit être intégré dans les activités de la vie quotidienne. Comme ces bébés sont handicapés à vie, eux et leurs parents auront besoin d’un soutien et d’un suivi à long terme. Des vignettes cliniques illustreront ces principes de base.

Fabrice Lesage et Caroline Dubois
(titre et résumé à venir)

En quel sens un nouveau-né a-t-il « tout à apprendre ? »
Approche philosophique
Claude Birman

1- « Il ne naîtra pas de vieillards aux cheveux blancs ». Claude Lanzmann aimait citer cette phrase attribuée à Nietzsche, pour rappeler à chacun le devoir de mémoire. Or cette évocation renvoie au vieux mythe chrétien d’un Christ né vieillard aux cheveux blancs omniscient. De fait, la nouveauté du nouveau-né donne à penser. Elle est inquiétante comme l’oubli, et prometteuse comme le possible. En effet, en un sens, tout est à refaire avec lui, à la manière du châtiment de Sisyphe. 

2- Pourtant , en tant qu’il est dénué de préjugés, le nouveau-né se présente comme l’élève docile, au sens fort, c’est-á-dire parfaitement capable d’apprendre, dont rêvait Descartes dans La lumière de la raison  ; et comme une « âme sensible » droite, comme les habitants du monde idéal de Jean-Jacques Rousseau dans ses Dialogues. « Un compagnon de la logique », disait le philosophe Jean Zacklad. 

3- Mais au-delà de ces aspects contraires, décourageants et exaltants, le nouveau-né est d’emblée quelqu’un : quelqu’un qui apprend et s’approprie ce qu’on lui apprend, pour fortifier le regard neuf qu’il apporte à son entourage et au monde qui l’accueille. 

 4- Comment le protéger et le stimuler, le cultiver,  pour qu’il advienne à lui-même ? Et pour qu’il assure, par son originalité, la continuation renouvelée de notre durée, au-delà de nous-mêmes, notre réelle immortalité, comme dit Platon dans Le Banquet.

Militer pour les mères des bébés

De la clinique à la fiction
Enjeux d’une écriture romanesque des troubles de la parentalité
Françoise Guérin 

S’il y a toujours eu des parents et des enfants dans les romans, le thème de la maternité en tant que tel est d’apparition relativement récente dans la littérature. Et le traitement en est bien souvent édulcoré.
Ces dernières années, une évolution s’est fait sentir et on a vu apparaître des œuvres de fiction ou d’autofiction qui mettent en scène des jeunes mères en difficulté ou en questionnement après une naissance. Mais même lorsqu’une fiction montre le post-partum, on constate que le bébé y est à peine esquissé. C’est un hors-sujet. On peine à s’intéresser à sa vie psychique et à ce qu’il manifeste. Un tabou dans le tabou ?
Je suis partie de mon expérience clinique en périnatalité et de l’observation des dyades mère-bébé pour écrire Maternité (Albin Michel 2028) et On noie bien les petits chats (Eyrolles Romans 2022). Je dirai quels ont été les enjeux cliniques, théoriques, mais aussi littéraires de cette écriture singulière, ce que j’ai souhaité transmettre aux lecteurs et ce que cela a permis.

Accueillir les mères pour protéger les enfants
Ghada Hatem

Les violences conjugales, tout comme les violences subies dans l'enfance, affectent la parentalité. De même qu'un mari violent ne peut être un bon père, une mère violentée est fragilisée et discréditée dans sa mission maternelle. A la Maison des femmes de Saint-Denis, les mères trouvent une écoute, un accompagnement et un étayage qui leur permettent, parfois, de reprendre confiance dans leurs capacités. Une évaluation des enfants est également mise en place. C'est pour nous une mission essentielle de protection, de prévention et de lutte contre le cercle vicieux et reproductible des violences intrafamiliales.

Chantal Birman
(titre et résumé à venir)

 Maternité dans tous ses états

 

Des grossesses catastrophiques: une approche sociologique du néonaticide
Julie Ancian

Le néonaticide (ou infanticide à la naissance), longtemps considéré comme un mode de régulation des naissances, est devenu une conduite marginale dans les pays autorisant l'accès à la contraception et à l’avortement. En France notamment, l’idée que les maternités sont désormais choisies s’est imposée et ces homicides sont vus comme résultant d’un trouble psychique en lien avec l’expérience de la grossesse. L'analyse sociologique des meurtres de nouveau-nés, à partir de récits recueillis auprès de femmes condamnées pour ces faits met cependant en lumière les obstacles rencontrés par certaines femmes pour éviter ou interrompre des grossesses vécues comme catastrophiques, ainsi que les contraintes — souvent euphémisées dans le traitement judiciaire de ces affaires — telles que la précarité, l’exposition aux violences ou l’isolement, qui ont pesé sur la maîtrise de leur fécondité.

Soigner sa dépression pour se faire mère. Une carrière de sortie de la déviance émotionnelle
Anne-Sophie Vozari

Toutes les mères ne se sentent pas nécessairement comblées à l’arrivée d’un enfant. Néanmoins, toutes ne s’en estiment pas pour autant troublées ou malades. Qu’est-ce qui amène à souffrir de ne pas vivre la naissance de son enfant comme un « heureux évènement » ? En quoi faut-il croire pour accepter de se faire soigner ? Qui faut-il être pour chercher, au prix d’un important travail émotionnel, à devenir une mère aimante et épanouie ? En prenant pour objet l’expérience de femmes qui s'en sont remises aux expert·es du psychisme pour traiter leur "déviance émotionnelle", cette intervention invitera à interroger les conditions sociales rendant probable et possible le recours au traitement médico-psychologique.

Les manuels de conseil sur la maternité français de 1960 à 2020 : un changement des représentations du goût féminin pour la maternité
Emma Tillich
 
Cet exposé présente quelques premiers résultats d'une recherche doctorale en cours sur les représentations régulations ordinaires et vécus du désir d'enfant féminin. Nous examinons les transformations des représentations du goût féminin pour la maternité dans un corpus d'une trentaine de manuels de conseil sur la maternité de la décennie 1960 à 2020. Ces manuels de conseil présentent souvent un discours fortement positif, voire incitatif, vis-à-vis de la maternité. Ils tendent à "naturaliser" le rôle social de mère, c'est-à-dire à présenter comme issu d'une essence féminine et comme une émanation d'un goût stéréo-typiquement féminin pour la maternité. Cependant, le mode de naturalisation de ce goût stéréotypiquement féminin pour la maternité change au cours de la période à l'étude. De représentations explicitement naturalisantes voire du rôle féminin maternel, on passe à un mode de référence plus implicite à la naturalité du rôle féminin maternel. Nous présenterons les différentes voies rhétoriques utilisées par les manuels les plus contemporains pour "naturaliser" le goût féminin pour la maternité. 

L’institutionnalisation de l’accouchement en Inde : à tout prix, mais à quel prix ?
Clémence Jullien

Pourquoi les politiques de santé en Inde incitent-elles les femmes enceintes à se rendre en milieu hospitalier ? Et en quoi cette institutionnalisation de l’accouchement peut-elle être problématique en Inde contemporaine ? À partir d’une enquête ethnographique d’un hôpital public obstétrical du Rajasthan, cette présentation retrace les enjeux de l’institutionnalisation de l’accouchement en Inde et analyse ses revers. Il s’agit in fine, de contribuer aux débats sur la conception du risque obstétrical et sur la difficulté des relations soignants/soignés en décentrant notre regard à travers le cas indien.


 

 

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